Light Novel·Romans

Run Away – Courir pour toi – Mathieu Guibé

Bonjour à tous, cet après-midi je vous propose, une fois de plus, un avis concernant un titre de chez Akata, oui je sais c’est la troisième fois ce mois-ci, mais que voulez-vous, je suis chauvine et mettre leur catalogue en avant est autant un devoir qu’un plaisir.

Après le dernier tome de Mawaru Penguindrum et Je ne suis pas un gay de fiction, qui a eu raison de mon petit cœur, découvrez Run Away – Courir pour toi  de Mathieu Guibé & Sinath dans leur collection So Shôjo.

Vicky, lycéenne lumineuse, envisage la rentrée scolaire avec beaucoup de bonne humeur. Elle va retrouver ses amies, et peut-être faire de nouvelles rencontres. Mais s’il y a une chose à laquelle elle ne s’attendait pas, c’était de se confronter à celui qu’on surnomme « le corbeau ». Ce garçon, au look gothique et toujours cynique, est un des premiers qui réussit à remettre en cause ses certitudes. Mais derrière cette façade, quelles sont les doutes que lui cherche à cacher ?

Ce nouveau titre paru la semaine dernière chez Akata est un peu un ovni par rapport aux dernières lectures que j’ai pu faire chez cet éditeur, en effet ici point d’histoire se déroulant au pays du Soleil levant, point de personnage en quête de reconnaissance sexuelle. Non, l’histoire qui se déroule sous nos yeux est celle de deux lycéens français tout ce qu’il y a de plus lamb… ah non, car tous deux sont deux êtres atypiques. Vient d’abord Vicky, jeune fille qui fait sa rentrée en première et pour qui il est important que tout le monde soit heureux et bien traité. Un point qui l’obsède, elle qui a tout de la bonne samaritaine comme il en existe peu. Et ensuite vient Lance.
Ah Lance.
Ce beau garçon, tout de noir vêtu, à la réputation d’ado rebelle, de fouteur de merde, totalement associable.

Le fantôme du lycée.
La Mort, à n’en point douter, doit porter moins de noir que lui. En broyer moins aussi…

Ci-dessus, la première rencontre entre Lance et Vicky, les prémices d’une belle histoire d’amour, n’est-ce pas ? Et pourtant croyez-moi, le cœur de Vicky va chavirer (et le mien aussi par moment …)

Dans ce roman, on côtoie aussi d’autres personnages, plus ou moins intéressants, les parents de Vicky, Lénia, sa meilleure amie orpheline et abîmée par la vie, André l’ami discret et attachant … Mais l’essentiel du texte est centré sur les deux adolescents que tout semble opposer et qui pourtant sont irrémédiablement attirés l’un vers l’autre.

Dans un premier temps, j’ai eu du mal avec le personnage de Vicky, a.k.a la bonne samaritaine qui généralement m’horripile plus que tout dans les histoires. Vous voyez ce genre de personnage qui ne peut résister au fait de ce mêler de la vie d’autrui pour s’auto-satisfaire d’avoir aider quelqu’un … Pour moi Vicky allait se cantonner à ce rôle, mais grâce à l’imagination de Mathieu Guibé, on découvre une jeune fille bien plus complexe qu’il n’y paraît et qui cache un bien vilain secret à l’origine de cette tendance « j’me-mêle-de-tout-pour-le-bien-être-des-autres ».

[…] alors je ne vaudrais pas mieux que l’ancienne Vicky. Son fantôme me hante encore et me murmure à l’oreille une terrible vérité : « Tu as beau t’en persuader, tu n’as pas changé, tu es toujours la même… »

Durant la quasi totalité du roman, Vicky est notre narratrice. Lance, quant à lui, ne donne que très peu de voix, le temps de courts chapitres, où les émotions du jeune homme sont à fleur de peau. Mathieu Guibé a un beau style littéraire et sa plume fait s’écrouler les unes après les autres les idées reçues qui émaillaient son roman, le tout souvent avec humour.

— Je… vois quelqu’un, moi aussi.
— Merde… Je suis sur le cul. Attends, je le connais ? Me dis pas qui c’est, je vais trouver.
Après quelques noms manqués et l’étrange inconfort de découvrir que ma meilleure amie peut m’imaginer avec certains des gars qu’elle me cite, elle finit par donner sa langue au chat.
— Vas-y, balance.
— Bah… Lance.
— Oui, balance son nom, quoi.
— Je viens de le faire…
Elle repasse le dialogue dans sa tête et ses yeux s’arrondissent comme ceux d’une chouette lorsqu’elle saisit ma réponse.

— Oh, t’as un copain Ikea.
— Quoi ?
— Un copain Ikea : un peu rustre et minimaliste, au mode d’emploi plus simple qu’il n’en a l’air et bien pratique au final.

Malheureusement si le texte regorge de bonnes idées et de bonnes figures stylistiques, j’ai été un peu déçue de cette lecture. En effet, j’ai eu du mal avec ces personnages très renfermés sur eux même et qui se livrent d’un coup de baguette magique. Pour moi l’être humain est souvent bien compliqué que cela.

— Tu crois vraiment que je me serais confié comme ça à n’importe qui ? Tout le monde me voit comme un feignant ou un ado rebelle, voire un fouteur de merde. Toi, maintenant, tu sais. Je ne suis pas vraiment le mauvais garçon que les autres pensent que je suis, ni le héros qu’André voudrait bien que je sois, je suis juste un mec qui courait pour fuir les problèmes. Et qui préfère toujours les fuir.

Malgré tout Run Away reste une bonne lecture, d’autant que le récit devient bien plus poignant vers la fin, après que Vicky ai été victime d’un événement qui va boulverser nos deux protagonistes principaux et leur entourage. 

Si j’ai pris l’habitude avec les tomes de Ce qu’il n’est pas de découvrir des couvertures aux couleurs chatoyantes, ici ce n’est pas le cas, les couleurs utilisés restent dans des teintes noir-vieux rose ou beige et pourtant je suis tombée sous le charme des illustrations en noire et blanc proposées par Sinath et qui viennent ponctuer cette romance.

Run away - Sinath

En somme un texte plutôt sympathique où l’on trouve des personnages parfois un peu creux, mais pas désagréables à suivre, qui nous entraînent avec eux dans leur course folle dans une quête de rédemption qu’eux seuls peuvent gagner.
Si vous appréciez le style shôjo avec bad boy torturé et lover assumé (n’allez pas imaginer que ça n’est pas mon cas, car il suffit qu’on agite sous mes yeux l’un des frères Fuentes de Simone Elkeles pour que je fonde), alors ce titre qui aborde avec parcimonie des sujets parfois difficiles comme le harcèlement scolaire ou le handicap est fait pour vous.
Pour ma part, je reste un peu sur ma faim, car ce texte est légèrement éloigné de mes lectures actuelles chez Akata. Ce qu’il n’est pas ou encore Pour trois jours de bonheur, j’ai vendu le reste de ma vie, par exemple, étant bien plus poignants à mes yeux que cette romance d’adolescents aux accents de rédemption.

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